NATIXIS, LARME DE CROCODILE

Publié le par Hugues Débotte

NATIXIS, LARME DE CROCODILE

Laurent Mignon, PDG de Natixis, n’a rien d’un minion. C’est vraiment un « moi, moche et méchant ». Pour quelle raison ? Déjà, c’est un banquier d’affaire, ce qui d’office le place au banc des accusés. Oui, je sais, ce n’est pas bien de fonctionner comme au temps de la Terreur et les procès vite expédiés par Danton et Robespierre. Ceci dit, il a beau diriger un groupe fusionnant les populaires Caisse d’Epargne et Banque Populaire, cela reste un banquier, avec la logique et la philosophie, la manière de penser d’un banquier privé : faire de l’argent en bon agent toxique qui use ceux qui travaillent.

 

Natixis, qui a donc une connotation « publique » - mais que dans les apparences, soyez en sûres- , porte sur de multiples axes bancaires et de financement, dont celui d’immobilier. Ceci étant simplement dû à la traditionnelle destination de l’épargne des français placée chez le gros écureuil : en vue de financer les logements sociaux.

 

Pour autant, le tandem-choc viral « banque  + propriété » qui fait tant recette depuis toujours et encore plus depuis les premières banques nées entre le XIIème et le XIVème siècle de la période courante, est bel et bien là.

 

Question : que vient faire monsieur Mignon sur BFM TV chez Jean-Jacques Bourdin un matin à 8h30 de grande écoute ? Alors qu’il dit lui-même ne pas avoir besoin des médias pour mener son action de pression (« lobbying » en anglais)… Rappel de vocabulaire : « Lobbying », vestibule du Parlement Anglais (la Chambre des communes, plus précisément) où les groupes de pression – essentiellement des femmes et hommes d’affaires privées – viennent faire leur tambouille auprès des élus au Parlement pour obtenir telle ou telle loi, ou telle ou telle modification d’une loi en cours à leur désavantage.

 

Cet exercice bien rodé du « Lobbying » invite tout de même un réflexion. Celui de se demander si in fine le monde des affaires, et par extension celui de la finance, a réellement et vraiment le dessus sur le pouvoir politique. SI c’était le cas, si ils pouvaient se passer de celui-ci, pourquoi alors passer son temps à lécher les bottes des élus et des gouvernements ?

 

Il y a là un faire-croire « magique » tout puissant, celui de laisser penser les observateurs et le grand publique que le monde commercial et financier privé est tout puissant et au-dessus de la mêlée. Aussi grotesque de vouloir faire croire que le « laisser-faire » et l’absolue non-intervention de l’Etat prônée par les néo-libéraux, les héritiers du prix Nobel de Von Hayek en 1974, les traders de tout poil, le monde de la finance féroce et sans loi sont le béta et l’oméga du meilleur fonctionnement qui soit de l’économie. Alors que ces défenseurs du libéralisme le plus violent et sauvage que nous vivons un peu plus dans la vie réelle depuis 44 ans sont les premiers à se prostituer avec le même Etat qu’ils condamnent en ayant infiltré partout le pouvoir, les gouvernements, les parlements, les centres de décision étatiques. Bipolarisme absolu, hypocrisie totale, théorie sans fondement sérieux, opportunisme balayable si toutefois on ose faire le ménage de cette vision virale et insupportable du monde économique.

 

Bref, si vraiment la finance était au commande du monde comme s’en plaignait François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012, elle ne passerait pas autant d’énergie et de temps à arpenter les couloirs Européennes à Bruxelles, à Strasbourg : la loi est leur pire ennemi, si ils ne font rien contre son éclosion. D’où cette question : pourquoi ne pas interdire tout bonnement toute relation du Pouvoir avec les groupes de pression financiers et commerciaux ?

 

Du coup, que nous alarme donc monsieur Natixis de ses larmes de crocodile ? Car si vraiment il n’avait pas besoin de passer sur un média de grande écoute, il n’irait tout bonnement pas !

Il se plaint qu’il manque 40.000 logements par an pour les dix prochaines années. Que les prix vont augmenter. Que celles et ceux qui ne trouveront pas logement ne sont pas celles et ceux qui peuvent acheter un logement – normal vue que ce sont de nouveaux arrivants et que le système ne fait pas confiance aux jeunes. Et par-dessus tout, il confirme que ses 10.000 collaborateurs se demandent « si on peut continuer à être une entreprise qui gagne dans un monde qui perd ? ».

 

Mais quel bel hypocrite ! Ou quel bel ignare ! N’avez-vous pas lu « Qu’est-ce que la propriété ? » de Joseph Proudhon ? Bien sûr que non, sinon vous ne seriez pas banquier, monsieur Mignon ! Par contre, quel culot de se baser sur une étude de la fondation de l’Abbé Pierre pour targuer de vos jérémiades ! Avec 10.000 collaborateurs, impossible de faire sa propre étude ?

 

Aussi, selon monsieur Mignon, c’est l’étalement, la répartition de l’immobilier sur le territoire, entendez donc par-là l’Aménagement du Territoire, qui pose problème. Donc la décision, une fois de plus du Pouvoir.

 

Comment encore douter un seul instant que le monde de l’argent maitrise nos vies dans l’économie réelle ? Sortons de cette fausse croyance magique inculquée par les prêtres néo-libéraux et remettons à l’honneur la force de la décision polique !

 

Au final, Natixis-man oublie de dire que dans tous les cas il gagne : les prix augmentent, il gagne ; l’Etat investit en créant des logements, il gagne.

 

Alors, pourquoi pleure-t-il ? Pour deux raisons essentielles. D’une parce qu’il sent que le gouvernement Macron fait ce que  bon lui semble et ne suit pas ses conseils avisés de magiciens, prêtre de la religion financière et immobilière privée. Et que surtout, il veut toujours plus, en bon gros banquier et investisseur immobilier bien gourmand qui se respecte.

 

Dans ce cas, à la question posée aux 10.000 collaborateurs, la réponse est simple : Oui. Oui, sauf que en France, et même si ce n’est pas pour les mêmes raisons que dans des zones bien plus pauvres ailleurs dans le monde, l’humanité y connait une crise du logement irréversible. Celle d’une planète désormais trop petite si elle continue à maintenir le principe de la propriété prive comme sacro-sainte loi de l’existence et de l’équilibre parfait (introuvavle) économique.

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