Pourquoi les riches sont obsédés de l'être ?

Publié le par Hugues Débotte

Pourquoi les riches sont obsédés de l'être ?

Reprenons.

 

Facebook. Point de départ que je quittes volontairement pour y revenir plus loin. Retenez bien : Facebook.

 

L’argent est une valeur universelle reconnue. Récente. Ne l’oublions pas : la valeur symbolique que nous lui donnons a surtout une force de raison du fait des enrichissements possibles du fait de 1492, autrement dit de la découverte d’un territoire permettant théoriquement tous les possibles. "Avoir" était une obsession Européenne du moment. Car « avoir » incarnait alors « pouvoir ». Bizarrerie philosophique de penser que « avoir » c’est « être ». Passons.

 

Mais admettons.

 

Admettons que l’existence se résume à « avoir », et que donc nous donnions raison aux milliardaires. Que donc le but de la vie c’est de cumuler des villas où on ne va qu’une fois dans l’année ou dans sa vie, des piscines plates sans vagues mortes toute l’année, qui vibreront sans doute le temps d’un rallye ou d’un mariage, ou autres fêtes entre gosses de riches, et pour lesquelles le quotidien se résumera à une photo carte postale ou fond d’écran d’ordinateur, incarnant une sorte de paradis immortel, symbolisant la paix, la tranquillité, le silence, l’immobilisme. Bref, la mort.

 

Lorsque les Européens ont compris et réalisé en 1507 qu’ils avaient découvert un nouveau continent, identifié par l’italien Amerigo Vespucci (d’où le nom « Amérique » et non pas « Colombie », qui fut nominativement « offerte » à Colomb à titre de compensation symbolique), ils n’envoyèrent non pas les armadas d’État mais des mercenaires, des acteurs privés sanguinaires, à l’image de l’espagnol Cortès.

 

J’avoue ici ma lacune. Sans doute que l’Espagne fraîchement unie par Isabelle la Catholique – celle qui missionna Colomb – était à sec suite aux guerres nécessaires pour l’unification Ibérique. Quoiqu’il en soit, l’Amérique est née dans le sang, la violence, le vol, l’appropriation, le privé, le mensonge, l'argent, l’emprunt, "avoir", devenir riche, autant de concepts et idées qui se synthétisent en un mot : capitalisme.

 

A ce moment là, l’esclavage était de mise. Je n’irai pas dans les détails de celui de la traite des noirs dans le triangle négrier Europe – Afrique – Amérique et toutes les controverses qui y sont liées (notamment que les ancêtres noirs esclaves des actuels afro-américains ont été vendus et livrés par d’autres noirs de leur tribus et clans), ni le fait que basé sur le concept de la propriété abusive, c'est le même modèle de société depuis Aristote.

 

Au fil du temps et par humanisme renaissant, « 1789 » étant passé par là, l’abolition de l’esclavage trouva son point d’orgue par le fait qu’on avait trouvé la relève, légale et institutionnalisée : les ouvriers. Aujourd’hui, ceux-ci sont remplacés par les machines, et plus largement les employés et professions intermédiaires par les robots et l’intelligence artificielle.

 

Et au final ? Toujours la même chanson, la même petite musique : les héritiers font tourner une machine destructrice de la nature épuisant les matières premières, pour enrichir les descendants directs ou indirects des lointains mercenaires de 1492. Pour sûre, à force, ces ultras-riches connaissent le communisme, et la solidarité absolue, mais uniquement entre eux.

 

Mais au fond, qu’est ce qu’il y a de commun entre un Cortès et un Zuckerberg, ou un Arnault, sinon un Besos, Soros ou Buffet ? La réponse est dans la question : un problème existentiel majeur dont le socle est celui de penser qu’"avoir" permettra d’être éternellement et obtenir tout ce qu'on veut. Autrement dit que l’ "avoir", l’argent permettra de tout acheter, à commencer par la mort.

 

Voilà pourquoi Soros finance des voyages dans l’espace, et que sans se cacher, Donald Trump - milliardaire de l'immobilier, ne l'oublions jamais - promeut la recherche dans l’intelligence artificielle pour pousser la logique du transhumanisme à son extrême : trouver le moyen scientifique de surpasser la mort et être éternel, et ce uniquement par une "production" de richesses assurées par la science...

 

Le « plan » des riches et ultra riches, serait donc de se débarrasser de la masse et ne compter que sur une petite poignée de génies à disposition en fonctionnant en communisme de riches.

 

Deux talons d’achille simples apparaissent alors.

 

Premièrement, si on prend l’exemple de notre cher bisounours national, Bernard Arnault, voleur national en puissance. Avec le dérèglement climatique, imaginons qu’un insecte venu d’Afrique ravage toutes les vignes de Champagne à Epernay et Reims où il peut compter sur la rente du champagne de Moët-Chandon et Veuve Clicquot. Idem pour son cognac Hennessy. Imaginons aussi qu’un cataclysme climatique – du essentiellement au capitalisme ravageur hérité de Cortès et ses successeurs – détruise la plupart de ses usines de production en France de parfums, implantés dans les pays de Loire et du Loiret.

 

Et bien, c’est le début de la fin : plus de production. Car on doit admettre, que jusque là, ce qui fait vivre Arnault, ce sont les riches, pas les pauvres. Ces riches à qui il vend essentiellement parfum de luxe, champagne coûteux et haute-couture hors de prix. Et tout ceci ne sort pas d'un chapeau magique ! Aussi si  tous ses employés et ouvriers locaux se trouvent subitement démotivés ou tout simplement dans l’incapacité de produire, sa rente s'écroule. Et, en sus donc, plus de raisin pour produire le coûteux Champagne.

C'est pour cette raison qu'Arnault est obsédé par les chienlits socialo-communistes révolutionnaires (véridique ! en 2019, si si ! cette  paranoïa existe encore selon lui) : il a peur de voir mourir toute sa belle entreprise qu'il a construit absolument tout seul, grâce à son génie implacable de polytechnicien (voir ses propres propos à ce sujet dans cette entrevue : http://www.artandfarts.com/2018/05/arnaud-stupefiant.html - et vidéo: https://www.dailymotion.com/video/x547r01  - à  la 18ème min et 40 sec).

 

Petite parenthèse : être polytechnicien, qu'on appelle aussi l' "X", école de l'élite de la  Nation entérinée volontairement dans ce sens par Napoléon comme une école militaire, induit qu'on est considéré comme un génie potentiel, et que techniquement, on reçoit un salaire pour faire ses études, afin de servir ensuite la Nation. Et non pas se servir soi, en utilisant les compétences acquises. Car à ma connaissance, quand on est formé en tant que militaire, à la sortie de toute formation pour la grande muette, on n'est pas destiné à vendre des slips ou des cacahuètes, mais défendre et servir son pays, non ?

 

Cette dérive intolérable est incarnée par Bernard Arnault, mais faisons lui grâce de cela : il n'est pas le seul à en profiter, et il serait grand temps de mettre un terme à cette trahison organisée. Comme les insupportables aller-retours entre le privé et la haute fonction publique autorisée aux ENArques, système qui aura engendré plusieurs vampires dont l'actuel monstre totalitaire ultra-corrompu jusqu'à la moelle : notre actuelle "petite crotte" de Président (non, je ne l'appelle plus par son vrai nom, car il est trop insignifiant et ne mérite en rien qu'on le respecte ainsi - donc "petite crotte" et sans aucune majuscule).

 

A force de vous parler régulièrement de ce grossier personnage qu'est Bernard Arnault, je pense  que lui réserverai une publication spéciale. Gabriel Attal, non. Lui il vaut vraiment rien. C'est une autre petite crotte (et très petite pour le coup). Je referme la parenthèse.

 

Bien évidemment, étant donné le niveau de richesse actuelle, le Tycoon rebondira sur autre chose. Quoique, rien ne dit qu'il aura eu le temps de liquider tous ses acquis en argent tombant et trébuchant. Une catastrophe ruinant tout est si vite arrivée !

 

Et du coup, j’en viens au deuxièmement : la consommation. Les milliardaires ont un plan : toujours produire pour s’enrichir sans partager ou le moins possible les profits de la production. Sauf que ceci a une limite : quand on produit, il faut vendre. Et on n’est pas dans le cas du Fordisme, où on vend la production (les voitures) à ses ouvriers, cela ne marche plus une fois un certain niveau de richesse et un certain type de produit : difficile de vendre les produits de luxe hors de prix à son petit personnel des usines de fabrication.

 

Comme le principe d’être riche, c’est de l’être sans rien faire, on est vite confronté à une grosse contradiction. Si vous ne faites rien, votre argent n’est pas produite et donc ne vaut rien. N'oublions jamais que l'argent n'est pas une fin en soi, mais juste la traduction abstraite d'une réalité économique : la consommation et la production de biens et services réels, en rien spéculatifs.

 

Bonus dans tout cela : le petit "hic" c'est que la science, qui est à la base de toutes les innovations pour faire fonctionner la machine économique, est basée sur les idées, le savoir et la connaissance. Et que rien ne peut empêcher leur circulation. Pas même l'hyper surveillance digne de "1984" par pretite crotte et son valet incompétent, Castagnettes. A quoi est due cette circulation incontrôlable ? La nature même des idées et des connaissances : illimitée, insaisissable.Tenter de privatiser ne tient pas longtemps.

 

En effet, quand bien même on chercherait à se protéger par les brevets et une armée d'avocats, on ne peut pas du tout empêcher, par exemple, que les Chinois aient sorti leur C919, concurrent direct de l'A320 et l'A600, du fait d'avoir infiltré légalement et avec une stratégie machiavélique tout le maillage d'Airbus (sites de productions en Chine, sous condition d'emploi d'ingénieurs Chinois; échanges de stagiaires étudiants chinois sur les sites Européens, etc ...). Ils ont acquis toutes les connaissances nécessaires sans financer la moindre Recherche et Développement !

 

Comme nous l'explique très bien Marc Luyckx-Ghisi (https://www.marcluyckx.be/) nous entrons dans une ère post-industriel, post-capitalisme, du fait d'une ère de la connaissance et du savoir généralisé par l'accessibilité rendue possible à tous notamment par internet - et pour les plus chanceux ou dans les pays les plus riches, par l'accès généralisé à l'enseignement niveau bachelier, malgré la pauvreté des programmes scolaires en matière culturel, philosophique et historique. Et que cette nouvelle ère, induit la fin de la privatisation des connaissances par les brevets, donc oui : la fin des brevets. Autrement dit, la propriété intellectuelle. Et à terme, la propriété tout court.

 

Aussi, nos gentils riches entre-eux oublient quelque chose de primordial. Il faudra toujours des humains et leurs défauts, leurs faiblesses pour faire fonctionner ce qu’aucune intelligence artificielle et aucun robot ne pourra fournir : les sentiments, la peur, les affects. Ces petites choses sans lesquelles il n’y a ni créativité, ni motivation, ni inventivité, ni génie. Et quel est le moteur de cela ? La peur de la mort. La peur de ne pas maîtriser, de ne pas contrôler, ne pas tenir, et de ne pas vivre éternellement.

 

Facebook ? L’archétype d’un mal dans sa peau comme tous les ultra-riches obsédés par leur peur de la mort, de ne pas admettre d’être humain et vouloir être éternels.

 

Mark Zuckerberg est du même acabit. Ce qui le motiva de créer « Facebook », c’est cette idée folle que les machines, les algorithmes et la science allaient lui permettre de lui rendre sa première copine. Le film « The social network » l’explique avec une limpidité effarante. Et si cela avait été faux, cela fait longtemps que Marky aurait fait interdire ce film, comme tout despote interdisant la diffusion de la réalité des choses. Comme le fait notre petite crotte de dictateur actuel.

 

Sauf que Zuckerberg est un gros con, mal dans sa peau. Comme tous les milliardaires et ultras riches ou riches, qu'ils soient milliardaires, millionnaires ou s'en approchant.

 

En d’autres termes, et vous l’aurez compris : les riches ont un but ultime, devenir des Dieux. Sauf qu’ils peuvent arriver à leurs fins, vue qu’on n’a plus besoin d’eux, ils peuvent s’enfermer dans leur délire mégalomaniaque, nous on s’en tape : on peut faire pousser des tomates, des salades, avoir des œufs de poule, et faire un feu de camps, en chantant ensemble et en buvant des bières ou un bon verre de vin qu’on aura produit nous-même, en étant heureux. Eux, ils continueront encore et encore à chercher désespérément le bonheur. Et ils auront toute l’éternité pour ne jamais trouver ce qu’on ne peut obtenir que parce qu’on accepte d’être mortel : le bonheur. Car le bonheur, c’est vivre sachant qu’on va mourir, pour en profiter un maximum.

 

Comme disait mon père, "le pognon, tu l'emportes pas dans la tombe !". Alors à quoi bon en avoir autant, vue qu'on finira forcément par mourir ?

 

Etre ou avoir ? Pour ma part, le choix est déjà fait : ETRE, autrement dit la liberté.

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